Review 13 Sentinels

INTRODUCTION

Comme un anachronisme, et sorti de je ne sais quel chapeau, le studio Vanillaware nous pond un jrpg narratif 2D en 2020 . A l’ère du gameplay addictif, il n’ était pas de bon goût de sortir un tel produit. Le public ne s’y est pas trompé, 100k ventes et un cd quasi introuvable en rayon en France. Une débâcle pour 6 ans de travail d’ orfèvrerie.

Parceque putain, quel objet magnifique que ce 13 sentinels, qui tisse une histoire sinueuse sur 40 heures que j’ai avidement fini en 3 nuits blanches consécutives.

Ce chef d’ œuvre donne l’impression de diriger des personnages directement dans des illustrations riches en détails et en couleurs. Quelle élégance, quelles lumières, pour moi l’un des plus beaux jeux de cette décennie. Avec un graphisme qui a du caractère !

SYSTEM

La recette est simple. Un bon vieux RPG old school qui met l’accent sur la narration. Le jeu est découpé en deux phases, le combat finale contre les Kaiju, les monstres géants dans une longue série de batailles à bords des mécha, les 13 sentinels pour la survie de l’humanité puis la partie du souvenir, où on découvre les histoires de chacun des 13 pilotes qui les ont menés à ce moment précis. 

Le jeu bénéficie des plus beaux graphismes 2d avec des effets de post prod sublime et une touche tradi de toute beauté. L’animation des sprites est très soignée et tout à fait charmante.

Côté narration, j’ai trouvé l’ exécution vraiment pertinente par rapport à la présence des 13 personnages. Chaque segment a une particularité qui s’accorde avec le pilote qu’on suit.  Ogata est coincé dans une time loop ou il doit découvrir la clé qui pourra faire dérailler le cours des évènements, Yuki joue les détectives suivie de son Watson personnel à la recherche de sa meilleure amie, Natsuno enchaîne les time jump pour retrouver un des mécha, avec Okinome on parcours des souvenirs qu’elle perd petit à petit à cause d’un accident avec une des sentinels et Megumi pourchasse chacun des autres pilotes pour les exécuter et empêcher l’arrivée des kaiju…

Pour les combats, retour à du tactical rpg hyper moche. Ce mode nous renvoie à notre nature de geek profond, qui se satisfait de voir ses avatars cubiques déclencher une pluie de dégâts numériques avec des gros chiffres sur des kaiju cylindriques.

Malgré tout, on se prend à bichonner ses pti chouchous, à leur donner les meilleures armes et compétences pour finalement se rendre compte que ce sont les perso les moins attachants à qui sont les plus balèzes sur le champ de bataille. Je me pose toujours la question de pourquoi Yuki fait si peu de dégât avec autant de stat d’attack… sérieusement.

NARRATION

Il faut particulièrement s’accrocher pour se figurer le chemin de chaque personnage à travers 5 timelines différentes sachant qu’en plus parfois, les réincarnations  portent des noms différents. Sachant que chacun occupe une portion distincte de la timeline sans trop d’overlap, on se retrouve fréquemment perdu dans l’histoire et cela même en poursuivant les épisodes d’un même personnage ! le comble ! On saute alors comme ça sans appétit d’une trame à une autre en espérant vainement que le tout fasse sens au bout d’un moment…

Le jeu nous sert la trame de chacun des héros dans l’ordre qu’on souhaite, déployant ainsi une narration complètement éclatée. Je trouve le procédé bien original vu que certaines révélations sur dans une histoire jette une lumière nouvelle sur le déroulement d’une autre en parallèle.

PERSONNAGES

J’ai commencé à redessiner le cheminement de chaque personnage puis finalement non, c’est laborieux et essentiellement du temps perdu.

A la fin je peux résumer 13 sentinels : dans une tentative de recréer un monde idéal, 13 ado se retrouvent embarqués dans un gigantesque bordel incompréhensible mis en branle par des nanomachines, après bien des démêlés sentimentaux, ils finissent par monter dans leur mécha géant pour poutrer la gueule à des monstres venus de l’espace.

Le graphique des relations est tout aussi compliqué et pas si intéressant que ça. On ne s’attache franchement pas vraiment aux perso car ils découlent directement de l’ archétype qu’ils dégagent au premier abord… 

Tout a très bien été planifié et structuré mais les personnages ne vivent pas, ils ne surprennent pas par leur actions ou réactions. Ce sont plus les évènements et révélations qui nous tiennent en haleine plus que le cheminement et l’ évolution des perso…

L’attrait principal reste quand même ces 13 personnages dont on peut faire un tour rapide ! La trame principale se déroule en 1985 où tous les pilotes vont se retrouver pour le combat final.

Iori est le premier personnage qu’on croise à bord de son sentinel. Elle est un peu la cruche de service et à part chasser des sucreries avec ses copines, je me souviens même plus de son rôle…

Megumi est aux petits soins avec le héros principal, Juro. C’est surtout  son duo avec fluffy, l’arrogant pti chat noir qui la manipule et la pousse à pourchasser chacun des pilotes et leur inoculer de mystérieuses nanomachines en échange de la sécurité de son amoureux. 

Yuki est l’ado rebelle directement tiré de kill la kill ! elle a même hérité de la même seiyuu, c’est dire…

On apprend très tôt qu’elle est chargée d’enquêter et surveiller les pilotes du lycée pour le compte de l’agence spéciale d’espionnage… est ce qu’elle est une traitresse ? 

Hijiyama est un des deux soldats de 1945 qui a voyagé jusqu’en 1985 en suivant Okino, le mystérieux cerveau qui aurait créé les 13 sentinels. Son obsession pour les yakisoba pan est hilarante ! Un personnage bien passif qui se fait mener à la baguette par son amant… mouark.

Sekigahara, est un agent du futur débarquer en 1985 pour empêcher l’apocalypse de se produire. Malheureusement il perd petit à petit sa mémoire pour des raisons inconnues. C’est un peu le terminator de la série.

Ogata, c’est mon pti Josuke de diamond is unbreakable ! Par contre, à part jouer les durs à cuir ou les cœur tendre face à son crush, on ne peut pas se souvenir d’une scène particulièrement intéressante à son sujet… ah mais je sais, c’est parce qu’il est le personnage qui est coincé dans une time loop, une scène qui ne cesse de se répéter tant que l’on a pas trouvé la clé qui permettrait de dérailler ce mécanisme ! et par là même identifier le coupable qui va déclencher l’arrivée des Kaiju sur 1985… obscure. 

Natsuno est le personnage phare de ce 13 sentinels ! Après sa rencontre avec Wall-E, elle va aller traîner sa frimousse dans plusieurs timeline à la recherche de la sentinel perdue.  Elle est obsédée par les aliens et ne peut s’empêcher de faire des remarques hilarantes et décalées même pendant les situations les plus dramatiques.

Juro est le personnage principal du jeu car il est celui qui provoque l’ensemble des évènements du jeu. Son histoire se vit à travers une série de rêves qui sont censés lui faire revivre des souvenirs d’une incarnation précédente et ainsi reprendre le flambeau de ce qu’on n’a pas pu accomplir antérieurement. Boring.

Okinonome est la fille amorphe, un peu à la limite de la rupture. Elle perd petit à petit sa mémoire et passe son temps à gober des pilules bizarres qui lui sont fournies par Gouto.

Essayons un peu de monter le thème principal de 13 sentinels avec une chanson de Macross.. voilà, ça correspond parfaitement ! Tomi est une des réincarnations de l’idole qui chante pendant un des ultimes combats contre les kaiju ! 

Avec son petit refrain des années 80, le frisson ! la superposition de l’apocalypse avec sa pluie de missile, la tension de savoir si on va survivre pour voir le jour d’après, avec cette chanson pop miel 80 qui nous rappelle ces journées languissantes d’insouciance… c’est un sentiment mêlé unique, vraiment propre à Macross, j’adore !

Miura est le deuxième personnage qui vient de 1945 où il était aussi un pilote de sentinel. Toute sa storyline tourne autour de sa découverte des temps modernes et le mystère qui tourne autour de sa petite sœur qui semble avoir été téléporté dans cette même période, protégée par Gouto.

J’ai creusé un peu les archives des anime pour checker un peu le background de ce perso. Shu le playboy du groupe. Je suis tombé sur ce megazone 23, sorte d’hybride macross cyberpunk, où le Tokyo dans lequel les protagonistes vivent n’est qu’en fait une recréation de la ville dans l’espace. La scène où l’idole Minaba parle à Shu est calquée sur cet anime !  

et enfin Gouto est le personnage froid et intellectuel du groupe. Son segment permet de faire la synthèse de l’ensemble des informations qu’on a ressemblé tout le long du jeu, et cela se comprend quand on découvre qu’il est à l’origine, la réincarnation d’une des figures qui a mis en branle tout Aegis Rim !

MOT DE FIN

mul des références très bien digérées et agencées. La complexité du scénario qui aborde des questions comme la survie de l’ espèce humaine, les conditions matérielles pour créer/recréer une civilisation prospère et des individus pleinement épanouis dans un univers désespéré, l’ incroyable travail pour coordonner les différents rôles et archétypes des 13 ou 15 personnages principaux.

Tout pleins de situations sont vraiment poignantes notamment comment le destin est fortement assujetti aux hasards de la vie. Les différentes loops temporelles donnent à voir comment les cartes sont redistribuées selon les évènements particuliers. Comment les relations sont réarrangées par concours de circonstance alors même que les traits de caractères principaux de chacun perdurent réincarnation après réincarnation. Qu’est ce qui relève de l’environnement et qu’est ce qui relève du caractère… J’ai trouvé cet aspect très fort !

Nan vraiment c’est un travail d’ excellence. Mais alors l’ expérience ne m’a pas transporté. Je n’ai jamais été profondément touché par ces 13 sentinels.

Je pense que c’est vraiment à l’image de toute l’œuvre de Vanillaware, ce George Kamitani a très certainement un cerveau bien fichu et de la passion pour ce qu’il fait mais il n’a pas la grâce qui le démarque d’ un simple exercice de style, car au final j’aurais retenu que ça du jeu. Un exercice de style.

Et pourtant qu’est ce que je suis fan du style !