L’esprit GAINAX



GAINAX

INTRODUCTION GAINAX

Gainax c’était les king des otaku, une référence pour tous ceux qui grandissaient dans les anime depuis leur tendre enfance,  

Ils incarnaient le summum de la japanime, tant sur la forme que sur le fond.

Ils avaient à leur tête les meilleurs créateurs, les plus innovants, hideaki anno, imaishi… engagé les meilleurs artistes comme sadamoto, yoshinari ou sushio.

Une pépinière à talents, une pépinière à idées… 

ils ont guidé des générations de dessinateurs avec, il faut l’avouer toujours la même recette depuis leur début avec Gunbuster : de l’action, des mechas, du fan service, un cœur débordant de courage le tout condensé dans un package pétillant de crises existentielles, des œuvres qu’on se re-mate avec émotion, une larme virile en coin de l’œil.

Bref, des anime qui éduquent un homme à atteindre les sommets auxquels il aspire.

bon j’ai un peu dispersé la petite piétaille au profit du bon grain, il me reste pour piocher des exemples les

J’ai choisi ces 6 axes de lectures pour bien comprendre la recette Gainax : Gunbuster, Nadia, Otaku no Video, Evangelion, Karekano, FLCL, Gurren Lagann, Little Witch Academia, Kill la Kill, Kiznaiver, Promare.

Tout d’abord la présentation, l’habillage de leur anime les distingue de leur concurrents. Ils prennent soin d’enrober leurs créations d’un très bon travail de graphisme. 

La narration typique Gainax, une structure shonen de base, qu’on résolut en un rien de temps avant de s’envoler dans des complications inédites et toucher les étoiles

Ils ont su faire adopter à des générations successives d’animateur certains codes visuels dont ils ont été les précurseurs, par talent ou par manque de budget !

Dans le contenu même de ces animes, ce que l’on retrouve partout dans un Gainax c’est l’obsession de la technologie, de la machinerie de guerre, l’action et la baston qui en découle !

Un héros se définit par celui qui a la flamme, le courage et la volonté flamboyante quasi inconsciente de la jeunesse qui fonce tête baissée face à l’establishment, et plus encore face aux pouvoirs cachés qui tirent les ficelles ou qui menacent la terre entière.

Mais surtout un Gainax crèvera toujours les limites que le fan lui aura établies au préalable… Comme une invitation à son audience à faire de même… et ça marche.

PRESENTATION

Tout d’abord les iconiques opening de Gainax. Elles resteront longtemps dans nos cœurs comme un promesse d’excitation et d’une grande aventure jamais vue ailleurs qui va s’ouvrir devant nos yeux avide de nouveauté.

Gunbuster, Nadia, Evangelion, même Otaku no Video, Gurren Lagann sont restés à juste titre au panthéon des ouvertures les plus emblématiques.

La chanson retentit encore dans nos oreilles, en 1 minute, on aura fait le tour en condensé de tous les personnages et antagonistes ainsi que les engins ou accessoires qui caractérisent le show dans un déluge d’effets spéciaux de leur cru! 

Puis intervient le récurrent écran ‘tsuzuku’… à suivre qui vient toujours amplifier le suspense en fin d’épisode ! suivi de l’ending toujours plus relax qui dépeint généralement les personnages en train de courir ou de se mouvoir vers le prochain épisode.

Leurs logos en particulier sont designés avec punch ! bien mis en valeur par un travail de motion design extrêmement vif.

Pour ce qui est l habillage de leur anime, ils sont maitre dans l’ art de figer une scène et donner au spectateur un moment pour photographier cet instant important en mettant en place des title card immenses et stylisés, de mieux en mieux incrusté dans la mise en scène d’ailleurs !

NARRATION

Gainax se démarque des autres par la vivacité de leurs récits, et l’efficacité totale qu’ils ont adoptée à dérouler les codes du shonen et les briser sitôt après.

A chaque fois, on commence rapidement dans le vif du sujet, on est plongé dans une confrontation bien marquée et identifiée entre les jeunes héros et une menace surpuissante : les anges contre les eva,  Gladys contre Nadia, Ryuko contre l’école…

Il n’y a pas beaucoup d’ ambiguïté, ils sont méchants, menaçants, et font du mal très fort aux héros.

Mais rapidement cet arc est résolu très tôt, la première menace est balayée pour laisser place à une  force beaucoup plus compétente, très souvent dissimulée dans les méandres de la société, plus dangereuse car plus insidieuse, ce sont les anti spirals blottis au fin fond du cosmos dans gurren, les life fiber cachés dans nos vêtements dans kill la kill, les promare, néo atlantis et l’organisation de la seel dans evangelion ! d’un ennemi bien identifié, on passe d’un danger omniprésent, plus réel car finalement plus proche !

Souvent on est précipité dans une conclusion intermédiaire pour repartir de plus belle. C’est Ryuko qui se bat contre les quatre généraux de Satsuki dès l’épisode 9, c’est le spiral king qui meurt dès l’épisode 15 de Gurren…

Gainax estime que son spectateur connaît les codes du shonen et saute au plus vite les étapes comme une initiation éclair pour l’emmener sur le terrain de la nouveauté !

Ils adorent pour le coup retourner les clichés ou trouver des variations inédites à des figures mythologiques ou familières, des oppositions simples mais tournés dans un contexte inédit. Les atlantes qui seraient des extra terrestres, les burnishs destructeurs qui deviennent les sauveurs de la planète, les eva qui sont en fait des anges… bref tout un tas de twists bien ficelés qui font sens après coup !

Et là on peut dire que Gainax sait conclure ses séries de façon épique. On ne peut que saluer leur capacité à faire monter la sauce et converger toutes les tensions vers le ‘grande finale’ qui est généralement un prétexte à un gros déluge de bastonnade / effets spéciaux en tout genre et scènes mythiques à tire la rigaud ! 

L’apogée classique se situe quand tous les acteurs (morts ou non d’ ailleurs)  de l’ anime se retrouvent face au grand méchant et qu’il transmettent la force, l’énergie au héros pour porter le coup de grâce !  Cette séquence permet généralement de synthétiser tout ce qu’il s’est passé durant l’aventure, par des rappels malins de la finalité de chaque symbole qui a porté l’ anime : la pierre bleu de Nadia, le foret de simon, Senketsu, le lien avec Sonozaki dans Kiznaiver…

Bref, ils savent semer les graines tout le long pour préparer leur conclusion !

Après il y a la fin d’Evangelion… que l’on ne comprend toujours pas.

VISUALS

Encore un fois, Gainax a été au premier rang des tendances graphiques, les meilleurs animateurs, les meilleurs chara designer sont passé chez eux :

Mikimoto (qui a officié sur macross).

L’iconique Sadamoto, chara designer sur Nadia, evangelion, FLCL.

Sushio et Yoshinari qui ont incarné le dynamisme absolu dans le monde des anime chez Trigger en particulier.

Et l’élégance shiny absolue avec Yoneyama sur Kiznaiver !

En terme d’animation, ils ont été les meilleurs à représenter le cosmos infini dans gunbuster, les escarmouches de sous marins ou les envolés d’avion dans Nadia, les combats de mechas dans evangelion (en particulier le film), ils ont été les meilleurs à incruster des planches de manga dynamique et mélanger les genre shojo / esthétique evangelion dans KareKano, ils ont été les meilleurs à imposer la colo aquarelle avec FLCL, les lumières en mode overlay avec Gurren, le mélange moderne, vintage fait à la main avec Kill la kill, l’éclairage techno et le lensflare stylé avec Kiznaiver et son chara design du feu de dieu, pour enfin être les meilleurs à intégrer de la cheap 3d dans leur direction artistique sur Promare.

Bref, Gainax/Trigger ont toujours été au sommet de la pyramide du game…

A côté de ça, il est assez notoire qu’ils dilapident leur budget à la vitesse grand V, et que passé un certain épisode, on peut commencer à voir plusieurs artéfacts de shitty animation/ drawings… et ça en est devenu une marque de fabrique jusqu’au running joke assumé.

Là où le studio a toujours excellé et s’est démarqué dès leur entrée en scène, c’est la précision et la minutie qu’ils mettent à dessiner les engins technologiques. C’est cette fascination des robots, des vaisseaux en tout genre, bâtiment de guerre, de mécha hyper agiles qui les a toujours définis. De vrais military fan. 

On pense toujours à tous ces plans qui mettent en scène des panneaux de contrôles hyper complexes pour bien meubler l’écran, avec les signaux et les commandes militaires lancées d’une scène à l’autre.

Et surtout, le talent de faire bouger tous ces volumes hyper complexes à travers l’espace… qu’est ce que ça a dû être difficile à mettre en œuvre, jusqu’à ce qu’ils jettent l’éponge en passant au studio Trigger, où ils ont arrêté de mettre les méchas au centre.

Leurs tics d’animation, ou les scènes que l’on retrouve dans chaque Gainax : on peut parler du tournant du match qui est toujours marqué par une scène de transformation, le symbole gainaxien du héros qui retourne la table méchamment sur la gueule de son ennemi, que ce soit des mécha qui se combinent, qui retirent leurs restricteurs, enfile un costume magique ou je ne sais quoi… l’accession à une puissance plus démesurée encore se fait dans des flash de lumière et de son assourdissant.

Héros GAINAX

On pourrait s’amuser à lister les archétypes gainaxiens, le personnage bleu contre le personnage rouge, la forte tête, la mascotte, le rival, le clown, le guide spirituel, la chipie, le personnage moe, l’absurde… blablabla.

Ce qui nous intéresse ici, c’est le héros… ou l’héroïne.

Le héros est capable de tous les sacrifices car il sait quel est son objectif, il a une vision claire ou il l’ acquiert en cours de route hein… de ce qu’il veut atteindre ou devenir.

Parce que son cœur est habité par un idéal, il a la volonté, le courage de faire ce que personne d’autres n’est capable, il brise les chaînes avec lesquelles la peur l’a retenu et défie une situation désespérée pour la renverser !

Il y a la force bien sûr, il y a des actes de bravoure exaltés, une soif d’apprendre et de comprendre, une vivacité certaine dans son regard et des plans plein la tête. Il y a aussi à opposer les héros amorphes qui regagnent de la vitalité à mesure qu’on avance dans l’intrigue. Tout chez Gainax est extrême et c’est ce contraste qui donne de la vie aux personnages !

Il y a l’action d’éclat qui peut paraître comme un cheveu sur la soupe, un accident s’il n’est pas forgé dans un caractère fertile. Un héros de Gainax, serre les dents, il a la patience et la résilience de toujours aller de l’avant. Cela est magiquement et le plus parfaitement représenté par Simon dans Gurren Lagann qui creuse avec son foret sans relâche et sans attendre de récompense immédiate, assuré ou complètement inconscient de son but.

Cet esprit se cristallise dans la Gainax Pose, repris des millions de fois mais jamais égalé !  

Je ne peux plus compter les scènes cultes qui ont inspiré un chœur d’adolescents à surpasser ses prétendues limitations, l’essence, la substantifique moelle de Gainax se trouve là, dans la pose de la victoire !

Une percée dans les ténèbres infinies. C’est ce qu’on peut appeler le point de renversement de la destinée. Disons qu’elles sont provoquées par accident, par les liens que le héros a tissés tout le long de l’aventure, par les actions nécessaires qu’il a faites pendant sa quête.

Les conflits inter relationnels des personnages mettent en branle un changement dans le cœur des héros. Il y a les ennemis extérieurs et les ennemis intérieurs tout autant destructeurs. Gainax a très bien su explorer ces deux terrains où se jouent le destin des hommes ! L’isolement, l’empathie, le rejet, réadapter soi-même pour entrer dans un cercle d’actions constructives…

TON

La force du ton de Gainax a été son inventivité, sa capacité à mélanger les genres qui n’avaient rien à voir, le shojo, l’action frénétique, les slice of life, les crises psychodramatiques, le comique et des sujets plus sérieux. Ils ont la capacité de détourner l’utilisation première des codes établis avant eux pour créer l’intérêt dans la tête de son spectateur !

 Avec FLCL, ils n’ont plus eu de complexes à alterner sans crier gare, des moments dramatiques avec des moments loufoques et complètement chtarbés.

L’impression finale qui reste est la puissance de savoir monter par degré à des échelles inattendues, du sous sol à la surface, de la surface au cieux, de la planète terre à la lune, du système solaire au cosmos tout entier ! Over the top ! vraiment c’est ça l’esprit Gainax.

Après Gurren, Gainax est mort et le flambeau a été repris par plusieurs studios dont le plus connu est Trigger. Espérons qu’ils nous pondent des chef d’œuvres pour toujours…

On s’amuse certes, mais on s’instruit aussi ! Ils ont aussi été les meilleurs pour combiner le divertissement de la série animée avec des questionnements souvent pertinents sur sa place dans le monde, la résolution de traumatisme, sur la vanité de certains objectifs, sur le sens à donner à son action. Quel type de relation est destructeur, quelles sont celles qui nous épanouissent. Gainax a sûrement été l’un des premiers à m’interpeller sur des interrogations contemporaines sur notre monde au détour d’un épisode des plus anodins… Cette feintise ludique qui embarque d’un seul mouvement le plaisir et la connaissance, avec la même élégance… chapeau l’artiste…

Et voilà c’était un bon bain à se prescrire chroniquement dans le monde déjanté et revitalisant de Gainax X Trigger !

Pour combattre les jours moroses et se donner la force d’arriver à réaliser ses ambitions, c’est d’utilité publique !